jeudi 9 mai 2019

LES DEUX MAINS INVISIBLES DE LA VIE ET DE LA MORT

Houlà… là ça va chauffer !!

La vie, c ́est la romance la plus passionnée que jouent les deux mains invisibles yin et yang, même la mort est une fugue de ce grand musicien. La sexualité, c ́est l ́aube de la vie! 



La sexualité, c ́est la base de toute existence, c ́est la clef de la genèse, même les atomes, les particules élémentaires, les particules nucléaires ont leur sexualité: attraction et force de liaison, à plus forte raison tous les êtres vivants: les planctons, les arbres. L ́amour sensoriel de l ́hommes est la fleur de la sexualité. Sans sexualité, la vie n ́existe pas! 
Ni l ́existentialisme, ni l ́Essentialisme ne seraient nés sans la sexualité. Non seulement les êtres vivants et les atomes inorganiques ont leur sexualité, mais encore les étoiles, les galaxies et tout ce qui a un commencement et une fin a sa sexualité. 
Pendant les dernières années que j ́ai passées en Europe et aux Etats-Unis, j’ai consulté des centaines de personnes souffrant désespérément de maladies sexuelles: impotents hommes femmes ayant des pertes (blanches, jaunes ou vertes), hermaphrodites (vrais ou pseudos) personnes à tératogénie morphologique ( La tératogénie, terme dérivé de la tératogenèse, cause des malformations ou des défauts à un embryon ou un foetus. Elle est engendrée par des agents tératogènes, comme la dioxine et d'autres agents physiques ou chimiques, pour former des monstres (au sens biologique).
 Apparente ou à tératogénie psychologique, femmes sans menstruations, femmes aux menstruations irrégulières, abondantes, longues, douloureuses ou à odeur répugnante, femmes froides, femme sans sex-appeal, femmes masculinisées, qui protestent, objectent , attaquent, grondent, crient, luttent à chaque instant... 
Il y a beaucoup de maladies des glandes et des organes génitaux, plus précisément, il n ́y a pas un seul malade qui ne se soit atteint d ́une maladie des glandes ou des organes génitaux. 
L ́anéantissement de la sexualité est la plus grande destruction de l ́ordre universel. Si l ́homme se féminise et si la femme se masculinise, c ́est-à- dire si yang perd ses qualités yang (surtout sa volonté de fer) et si yin perd ses qualités yin (surtout la grâce et la tolérance), le mariage finit en tragédie, c ́est la fin de la vie humaine, dont on entend déjà le prélude..... 
La femme qui a le pied poilu ou un peu de barbe est celle qui a détruit ou masculinisé ses glandes sexuelles, elle n ́est plus femme. Quand toutes les femmes seront devenues poilues, ce sera la fin du monde. 


L ́être est sexuel. La vie est sexuelle. Être asexué, c ́est la mort. 
Si vous désirez devenir le plus vite possible la femme la plus belle et la plus heureuse, ne mangez jamais de produits hémoglobiniques (produits animaux), puisqu ́ils sont tous trop yang, ils ne méritent pas de nourrir une constitution aussi raffinée que celle de la femme. Ils sont bons seulement pour nourrir l’homme chasseur-tueur, créature plus sauvage et plus grossière. 
L ́appétit sexuel normal est le désir le plus fort de l ́homme après l ́appétit pour la nourriture. On vit uniquement par l ́appétit, gourmandise infinie qui produit le désir sexuel.
L ́appétit physiologique et l ́appétit biologique. Il est très difficile de s ́évader de cette double prison: “appétit gourmandise et appétit sexuel“. L ́appétit de nourriture et l’appétit sexuel sont les deux instincts majeurs de l’homme. Sans appétit personne ne peut être heureux, ni joyeux et sans appétit sexuel aucune race ne peut survivre. L’homme et la femme sont à la fois antagonistes et complémentaires. Guérissons la sexualité défaillante, par une alimentation macrobiotique équilibrée. 
G.Ohsawa.



Ce n’est pas un hasard, si la meilleure biographie de Georges Ohsawa, est  l’œuvre d’un français, René Lévy, le directeur du centre macrobiotique « Cuisine et Santé » à Saint Gaudens. Ohsawa a surtout vécu en France. Il pratiquait bien la langue française. Ceci a contribué à son influence en Europe. Une française, Françoise Rivière, l’a assisté comme présidente du centre macrobiotique « Ignoramus » actuellement le CIMO. Hubert Descamps, René Lévy et Pierre Gevaert (fondateur de la Société “Lima” qui a distribué les produits biologiques et les spécifiques macrobiotiques à travers toute l’Europe) ont poursuivi son oeuvre.

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LES LUNETTES MAGIQUES YIN-YANG
Un seul principe et les lois yin et yang, unifient et expliquent la totalité des phénomènes à l’origine de l’univers. 

le Principe Unique
         
             “Tout ce qui a une face a un dos”
             Plus grande la face, plus grand le dos

   Tout le monde connaît cette loi, mais elle est parfois exprimée différemment “Toute face a son revers” ou “Méfiez-vous des eaux dormantes”, etc. Cette loi est tout à fait négligée par la médecine allopathique qui ne se préoccupe que de la face de la maladie, des symptômes, en négligeant le dos, les véritables causes. Apparemment cette loi est parfois observée, mais l’ignorance dans laquelle est plongée la science médicale officielle pousse certains savants à inventer des causes imaginaires de maladies, comme les microbes et les virus. 

UN ALLER-RETOUR POUR TOUJOURS

Les 7 grandes lois universelles en prose

 TOUT CE QUI A UN COMMENCEMENT A UNE FIN.
Des galaxies aux systèmes solaires, étoiles, planètes et terre entière, 
continents, océans et déserts tout doit disparaître.
Empires, nations, pauvres et millionnaires tout est éphémère.
Cette loi première devrait nous satisfaire.

TOUT A UNE FACE ET UN DOS.
Face la vie, dos la mort, face je ris, dos je pleure, qui puis-je, puisque bonheur ou malheur n’ont pas plus de valeur.  
Pour chaque profit quelque part il y a déficit.
Avantage est lié à désavantage, agréable et désagréable sont inséparables.
Ne pas le savoir sont les racines du désespoir.

 IL N’Y A RIEN D’IDENTIQUE. 
Le temps s’envole sur la spirale de l’espace, à chaque instant l’espace devient temps et le temps espace.
Dans la grande ronde de l’univers jamais rien ne peut être le même ni pareil à lui-même. 
Tout se transmute en permanence et s’achemine vers son antipode.

PLUS GRANDE EST LA FACE, PLUS GRAND EST LE DOS.
Le paradis sur terre, c’était pour le troisième millénaire, maintenant il n’y a plus rien à faire et c’est l’enfer. 
Toujours prendre sans jamais rendre. 
Piller, voler, sans rien redonner. 
Polluer sans nettoyer, un jour il faudra tout payer.

TOUT ANTAGONISTE EST COMPLÉMENTAIRE, TOUT CHANGE EN SON CONTRAIRE.
Avec le temps, le chaud et le froid, le vent et l’orage, la montagne fière redevient poussière.
Le jour et la nuit tour à tour se détruisent mais toujours se retrouvent.
Jamais un instant de repos. La vie, la mort, tout n’est qu'un aller et retour.

LA POLARISATION YIN ET YANG
Je t’aime moi non plus, pars mais reviens. Yin je pars, yang je te tiens.
Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout.
Yin repousse, yang attire, yin fuit, yang suit mais un seul domine, parfois c’est yin, quelquefois c’est yang.

LA LOI UNIQUE.  
Plus de yin plus de yang, ni repos ni mouvement, tous s’en sont allés pour un non retour
dans l’infinité du Grand Tao.
interprétation de Gérard Wenker


La cause profonde de toute maladie est toujours un organisme en mauvais état et donc mal nourri.

   Méfiez-vous des aliments qui ont bon goût, belle couleur, belle présentation, eux aussi ont un dos, et vous l’apprendrez à vos dépens si vous en consommez trop ou trop souvent. Méfiez-vous également des publicités qui ne vous montrent qu’un seul côté des choses, l’aspect le plus avantageux afin de pousser à la vente. Il est vrai que dans notre société, la consommation est considérée comme beaucoup plus importante que la santé des gens.
   Enfin, méfiez-vous des remèdes miracles qui rétablissent la santé en un clin d’œil, car eux aussi ont un dos., Ils vous permettent en effet d’assouvir vos désirs sans mesure et de tomber malades tout aussi vite.
Vous devez découvrir les secrets de cette dialectique ainsi que les applications pratiques de yin et de yang, sans lesquels la doctrine macrobiotique n’est qu’une baudruche vide et inutile.
Il existe une Voie, une voie de bonheur et de santé à disposition de chaque être humain vivant sur cette planète, des plus pauvres aux plus riches, quels que soient sa race, ses croyances et son niveau social, qui permettent de préserver la Vie dans ces multiples aspects, et de rétablir l’homme dans son intégrité corporelle, mentale et spirituelle, à tout âge et dans n’importe quelle circonstance, sans l’aide d’aucun spécialiste professionnel. De tout temps cette démarche a été connue et reconnue, parfois tenue secrète, certains ayant voulu en conserver l’exclusivité, en raison justement de son extrême efficacité. 
Cet Art de Vivre a traversé les âges, les civilisations, les continents jusqu’à nous, en s’adaptant et en se renouvelant constamment. L’application pratique de ce principe philosophique qui sous-tend cet art de vivre est connue en Occident depuis des siècles sous son nom grec de “  macrobiotique “ .  La version japonaise de cet art de vivre est nommée I-do – la “ Voie du Principe Unique “ –  comme I-King le grand livre chinois du Principe Unique.
La méthode pratique macrobiotique est la réponse à l’ignorance et à l’injustice d’une fatalité qui semble frapper indifféremment, distribuant au hasard ; échec ou réussite, maladie ou santé, malheur ou bonheur et finalement vie et mort. 


Chaussez les lunettes magiques de “ l’yin-yiologie “ qui permettent de voir simultanément, la face et le dos de toutes choses. Ceux et celles qui maîtrisent cette science ont un grand pouvoir, faites-en bon usage, pour vous, pour votre entourage et pour le bien de l’humanité. 



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jeudi 25 avril 2019

LA SANTÉ CETTE INCONNUE


Si vous survivez a cette fin du monde annoncée, garder un peu de bon sens pour pas mourir d’une apoplexie foudroyante le nez dans l’assiette.


          «Un tiers de la nourriture que nous absorbons sert à nous nourrir; 
les deux autres tiers servent à nourrir … les médecins !»



Luigi Cornaro (1464-1566) noble vénitien qui vécut jusqu’à 102 ans, écrivit quatre discours sur la vie sobre, le premier à quatre-vingt cinq ans, le second à quatre-vingt-six ans, le troisième à quatre-vingt-onze ans et le quatrième à quatre-vingt quinze ans.



Son grand et simplissime principe était le suivant:

De la Sobriété dépend la Longévité!

À l’époque de Luigi Cornaro, les idées relatives à la santé, la nutrition et la longévité étaient plutôt confuses; le mérite de Cornaro, qui parvint à prolonger son existence, en n'ayant recours qu'à des moyens inspirés par la Nature et la Tempérance, n’en est que d’autant plus grand. Ce Vénitien,  grâce à un régime des plus simples mais très rigoureux, de par l’exemplaire persévérance qu'il mit à le suivre, parvint à prolonger sa vie jusqu'à un âge très avancé, et, tout en recevant lui-même les bons fruits de son comportement, donna à la postérité un très instructif exemple. Jusque vers sa quarantième année, il avait mené une vie fort dissolue, ce qui le faisait constamment souffrir de coliques, de douleurs dans les membres et de fièvre. Pour finir, il était réduit à un tel délabrement de sa santé que les médecins assurèrent alors qu'il ne lui restait plus guère que deux mois à vivre. Ils avaient renoncé à lui prescrire des médicaments, et le seul moyen qu'ils lui conseillaient encore était un sévère régime. Il suivit ce conseil, et, au bout de quelques jours, éprouva un peu d'amélioration. Un an après, non seulement il était complètement guéri, mais même il se portait mieux qu'il ne s'était jamais porté. Il décida alors de réduire encore sa quantité de nourriture, et de ne consommer que la quantité d'aliments absolument indispensables pour subsister.
Pendant soixante années il ne prit, chaque jour, que douze onces (384 grammes) d'aliments solides, et treize onces (428 grammes) de boissons. En outre, il évita de trop s'échauffer, de se mettre en situation d’éprouver des émotions trop vives. À l'aide de ce régime constant et toujours pondéré, non seulement il maintint son corps mais aussi son esprit dans un état d'équilibre tellement stable que rien ne pouvait le déranger.
Vous pourrez lire les 40 pages de ces 4 discours plus bas dans cet article.

La santé cette inconnue
Comment savoir si je suis en bonne santé. ?
Comment savoir si je suis malade ?
Comment connaître le jour de ma mort ?
C’est impossible de répondre à ces questions…
Mais bien sûr qu’il existe une réponse à ces questions.
Premier signe de bonne santé :
Pas de signe. Rien du tout.
Aucune sensation d’avoir un corps, aucune impression d’occuper son corps.
L’état de santé est un état naturel stable que l’on peut comparer à un corps flottant entre deux eaux.
Premiers signes de la maladie :
La douleur. Légère ou insupportable.
Aïe… Attention ça fait mal = DANGER - .
Ouille… Attention ça brule = Danger
Attention : c’est pas bon, c’est amer, acide, etc.  = Danger
Attention ; ça sent très mauvais = Danger
Attention, tout tourne,  j’ai le vertige = Danger
Je suis bien, je flotte dans l’éther, je suis heureux, je baigne dans la plénitude, sans souci, sans douleur, sans émotion, sans peur… mais alors… comment savoir d’où vient le danger ?
La douleur, la peur, le désespoir, c’est justement ce qui protège la vie, votre vie, votre santé. 
Soyez attentifs, votre corps vous parle.
Allo… ici la compagnie des organes associés.
Le ventre vous fait mal.
J’ai un de ces mal de tronche !!
Et la gorge… douloureuse quand j’avale !!!
Le dos. C’est pas possible, j’ai une sciatique ou quoi ?
Silence, je dois aller bosser… Tenez voilà des bombons.
Pan… Pan… deux ou trois coups de marteaux chimiques, pilules verte, roses, blanches - elles sont si jolies et bien inoffensives qu’ils disent…..
Et voilà, ouf… terminé… tout est rentré dans l’ordre



Voyons, miroir… suis-je toujours belle ce matin ?
Tiens, je perds mes cheveux !!
C’est quoi ces boutons sur mes joues ?
Ah non… des cernes !!! 
Je veux pas voir pas ça.
Mais ou est passé ma trousse de maquillage
Voilà, c’est réparé, je peux sortir et faire bonne figure.
Eh bien, vous voyez, je vous l’avais bien dit, plus d’ennuis, même pas mal, à nulle part. Bon… j’ai pas très bonne mine, et je suis déjà fatiguée, quand je me lève le matin. Allons faut positiver, un grand verre de jus d’orange, pour faire descendre les gélules de vitamine conseillée par la publicité télévisée - ils mentent pas, c’est contrôlé tout de même.


Quelques années plus tard.
Contrôle de routine chez votre médecin. 
J’ai le regret de vous annoncer la présence d’une tumeur maligne genre cancer dans votre corps.






Mais comment c’est possible docteur, j’étais si bien, j’ai mal à nulle part, je prends mes vitamines et 5 fruits et légumes chaque jour.
Ne vous inquiétez pas, ça se soigne très bien maintenant avec la chimio et quelques séances de radiothérapie. Vous serez rapidement guérie, je ne vous cache pas qu’il y a quelques effets secondaires, mais nous avons les médicaments pour les rendre supportables.
C’est bon, c’est fini, je suis hors d’affaire.
Malheureusement, le traitement n’a pas marché, il faudra recommencer.
Pourquoi… pourquoi, tout allait si bien pour moi.
Pourquoi, je vais mourir docteur. Vous m’aviez dit… que… je… serais… serais………..
Vous comprenez que l’art de la publicité, c’est de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. C’est-à-dire de cacher le dos sombre, le danger, les désavantages, pour n’en montrer que les aspects avantageux, agréable, bienfaisant. Oui… même en médecine.
Le marketing industriel a très bien compris ce principe et la détourné à son avantage exclusif.
Vous pensez avoir le choix ? Pas du tout.
Non, il n’y a aucun danger.
Non… non c’est très bon pour la santé.
Non, ce médicament n’a pas d’effets secondaires.
Dangereux ? Non, cela n’a pas été prouvé scientifiquement.
Oui l’efficacité de ce produit a été prouvée scientifiquement.


Matraquage publicitaire.

MENSONGE…MENSONGE…
Fausse vérité… désinformation. Dans tous les domaines.
Je vous le démontre et le prouve dans ce blog à l’usage des croyants septiques (scientifiques ou non), des inguérissables, des professionnels du rideau de fumée, des indignés, de ceux qui en on mare de ce faire avoir.
Un seul mot d’ordre : reprenez votre liberté. Ne pas croire mais comprendre.
Et en plus, je vous confie les clés de la santé et de la longévité.
Les soins et les traitements respectueux de votre corps si précieux.
Pour bien comprendre ces différents états, il faut faire appel à une discipline inconnue en occident : 
La dialectique du Tao.

Tout phénomène a une double face c’est la première des lois Dialectiques. 
Plus grande est la face plus grand est le dos 
est la seconde.

C’est le pris a payer pour que la vie puisse ce développer. 
Vie-mort – Santé-Maladie – Jour-nuit – chaud-froid – bonheur-malheur – Homme-femme. 
Ils sont tous opposés et complémentaires. 
Aucun ne pourrait exister sans l’autre. Essayez pour voir ?





COMMENT VIVRE 100 ANS ET PLUS 


Récit personnel de Luigi Cornaro (1464-1566) 



Premier discours : Sur la vie saine et modérée 

Nous admettons tous qu’avec le temps, l’habitude devient une seconde nature qui force l’homme à agir, en bien ou en mal, selon son habitude. 

En fait, beaucoup d’exemples nous montrent que souvent, l’habitude prend le dessus sur la raison. Il est certain qu’un homme vertueux, qui fréquente de mauvaises personnes, tombe souvent dans les mêmes vices. 

En voyant et en examinant tout cela, j’ai décidé d’écrire sur le vice de l’intempérance dans la nourriture et la boisson. 

Même si nous sommes d’accord que l’intempérance est la mère de la gloutonnerie et la vie sobre l’enfant de la frugalité, la force de l’habitude fait que la première est considérée comme une vertu et la seconde comme de l’avarice. 

Du coup, beaucoup de gens aveuglés et irréfléchis sont atteints, dès l’âge de 40 ou 50 ans, de toutes sortes d’infirmités étranges et douloureuses qui les rendent décrépits et inutiles. 

Pourtant, s’ils avaient mené une vie modérée et sobre, ils auraient été probablement bien portants et en bonne santé à l’âge de 80 ans et même après. 

Nous devons manger peu 

Pour remédier à cela, l’homme doit vivre selon la simplicité dictée par la nature qui nous apprend à nous contenter de peu et à ne manger que le strict nécessaire à notre subsistance, car tout excès cause la maladie et mène à la mort. 


Combien de gens intelligents et dans la fleur de l’âge, ai-je vu périr à cause de la suralimentation et d’autres excès. 
Pourtant, s’ils avaient été modérés, ils auraient été encore là 
contribuant à la vie de la société. 

Par conséquent, j’ai décidé de vous démontrer dans ce court discours que l’intempérance est un abus qui peut être éliminé et remplacé progressivement par cette bonne vieille sobriété. 

De plus, de nombreux jeunes gens intelligents m’ont poussé à le faire car ils avaient perdu des parents encore en pleine force de l’âge, alors que moi, je suis resté en bonne santé et bien portant à 81 ans. 

Ces jeunes désirent atteindre le même âge. Rien n’est plus naturel que de souhaiter une longue vie. Et le grand âge est en fait une période de la vie où l’homme devient plus prudent et où il apprécie au maximum les fruits de toutes les autres vertus. Il maîtrise ses sens et se laisse guider totalement par la raison. 

J’ai donc décidé de révéler la méthode que j’ai utilisée pour y parvenir afin de rendre service non seulement à ces jeunes gens mais aussi à tous ceux qui ont envie de lire ce discours. 

D’abord, je vous expliquerai les raisons pour lesquelles j’ai décidé de renoncer à l’intempérance pour suivre un mode de vie sobre. Ensuite, je vous décrirai clairement la méthode que j’ai utilisée ainsi que ses effets bénéfiques sur moi – vous verrez qu’il est facile de renoncer aux excès. Et enfin, je vous présenterai les nombreux avantages et bienfaits d’une vie tempérée. 

Pourquoi ai-je renoncé à l’intempérance ? 

J’ai décidé de renoncer à l’intempérance à cause du long cortège d’infirmités qui avaient fortement affaibli ma constitution délicate. 

Je me suis livré à un excès de nourriture et de boisson durant des années et par conséquent, mon estomac a commencé à se détraquer. Je souffrais de violentes coliques, d’accès goutteux avec fièvre lente presque continuelle, d’une panne générale de mon estomac et d’une soif perpétuelle. 

La seule délivrance que je pouvais espérer était la mort. 

Me trouvant dans un état si pitoyable entre mes 35 et 40 ans et après avoir essayé tout ce qui pouvait être envisagé pour me soulager mais en vain, les médecins m’ont fait comprendre qu’il me restait une dernière méthode que je devais absolument suivre avec persévérance si j’avais encore envie de continuer à vivre. 

Il s’agissait de mener une vie strictement sobre et réglée. Cette méthode devrait être d’une grande efficacité. 
J’ai été immédiatement convaincu car je savais bien que c’était les excès qui avaient causé ma maladie. 

Et ils ont ajouté que si je n’adoptais pas immédiatement ce mode de vie stricte, mon état s’aggraverait et je serais obligé de me résigner à la mort. 

J’ai décidé de changer de mode de vie. 

Ces arguments m’ont tellement impressionné que, terrorisé par l’idée de mourir jeune, et aussi, rongé en permanence par de nombreux maux, j’ai décidé immédiatement de mener une vie régulière afin d’éviter la maladie et la mort prématurée. 

Ils m’ont conseillé donc de suivre un régime alimentaire très sévère, habituellement prescrit aux personnes malades, c’est-à-dire que je devais prendre les aliments solides ou liquides avec modération. 

À vrai dire, ils m’avaient déjà recommandé ce régime auparavant, mais comme je ne supportais pas ce genre de 
contraintes, je continuais à manger et à boire à volonté. Mais une fois convaincu et déterminé à vivre modérément, et aussi conscient qu’il était de mon devoir d’homme de le faire, j’ai pris fermement la décision de l’appliquer, et depuis lors, rien n’a réussi à m’en dissuader. 

Le résultat était qu’en quelques jours seulement, j’ai commencé à constater que ce mode de vie me convenait parfaitement, et en moins d’un an – vous n’allez peut-être pas me croire – j’ai été entièrement libéré de tous mes problèmes de santé. 

Étant de nouveau en bonne santé, j’ai commencé sérieusement à croire au pouvoir de la tempérance. Si elle était assez efficace pour vaincre des troubles aussi graves que ceux dont j’avais souffert, elle devrait également avoir le pouvoir de me garder toujours en bonne santé et de renforcer ma constitution délicate. 

Je me suis donc appliqué à chercher assidûment les types d’aliments qui me convenaient le mieux. 

C’est l’estomac qui doit choisir les aliments et non le palais 

Mais d’abord, j’ai décidé de vérifier si tout ce qui satisfaisait mon palais était également bon pour mon estomac, ceci afin de vérifier le bien-fondé du célèbre proverbe affirmant que
l’estomac profite ce qui plaît au palais ou ce qui a un goût agréable est sain et nourrissant. 

À l’issue de cette expérience, j’ai découvert que cet adage était faux et j’ai constaté très vite que mon estomac supportait mal de nombreux aliments succulents. 

J’ai donc commencé à renoncer aux viandes et aux vins qui m’étaient nuisibles et je choisissais plutôt ce que je jugeais bon pour moi, ne prenant que ce que je pourrais digérer facilement tout en respectant rigoureusement aussi bien la quantité que la qualité. 

Aussi, je faisais en sorte de ne jamais me sentir complètement rassasié et de me lever toujours de la table avec la sensation de pouvoir encore manger et boire. Pour maîtriser sa santé, l’homme doit maîtriser son appétit. 

Ayant vaincu l’intempérance de cette manière, j’adoptais complètement un mode de vie modéré et réglé, c’est pour cela qu’en moins d’un an j’ai été libéré de tous mes problèmes de santé qui, auparavant, semblaient incurables. De plus, je ne souffrais plus de ces crises aiguës annuelles qui m’avaient attaqué à chaque fois que je mangeais et buvais sans limite. 

Comme je continue à suivre ce régime jusqu’à ce jour, j’ai une excellente santé et en aucun cas je ne manquerai de respecter la règle stricte de la modération. 

Autres règles essentielles :

Il est vrai qu’en plus des 2 importantes règles alimentaires que j’ai scrupuleusement respectées – qui sont de ne manger plus que mon estomac peut facilement digérer, et ne prendre que ce qui me convient –, j’ai également évité autant que possible les excès de chaleur et de froid, la grande fatigue, la perturbation de mes habituelles heures de repos, la respiration prolongée de l’air pollué. 

De même, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour éviter d’avoir des sentiments qui sont difficiles à vaincre tels que la mélancolie, la haine, ces émotions violentes qui semblent avoir grande influence sur notre santé. 

Toutefois, j’ai encore du mal à m’en défaire, mais j’ai
découvert que ceux qui ont adopté les règles alimentaires mentionnées plus haut n’éprouvent pas ces sentiments. 

Selon Galen, un célèbre médecin, tant qu’il avait respecté ces 2 règles, il ne ressentait presque plus ces troubles désagréables, et même s’il en ressentait, ce n’était que pour un temps court, ne dépassant pas un jour. 

Ce qu’il dit est vrai. J’en suis le témoin vivant. 
Plusieurs de mes connaissances savent combien de fois je me suis exposé au froid, à la chaleur ou aux désagréables
changements climatiques, sans que cela nuise à ma santé. 

De même, ils m’ont vu plusieurs fois endurer différentes épreuves très perturbantes moralement, mais je n’en étais jamais affecté, alors que certains membres de ma famille, qui ne suivaient pas le même mode de vie que moi, ont été très perturbés. 

Ils étaient vraiment peinés et abattus de me voir impliqué dans des procès coûteux que des hommes puissants et influents avaient engagés contre moi. Craignant ma ruine, ils éprouvaient une grande tristesse, ce sentiment qui arrive souvent à ceux qui vivent sans modération, et cela avait une telle influence sur eux qu’ils en sont décédés prématurément. 

Pourtant, pendant ces moments, je n’étais pas du tout troublé car je n’éprouvais aucun de ces sentiments superflus. 
J’ai plutôt positivé en disant que ces procès étaient faits pour mesurer ma force physique et morale, et que je devrais en tirer honneur et avantage. Et en fait, ça a été réellement le cas car finalement j’ai gagné ces procès. Ma fortune et ma réputation n’étaient donc plus en danger. 

L’avantage d’une vie modérée en cas d’accident 

À 70 ans, j’ai pris un carrosse qui roulait à vive allure et qui avait fini par se renverser. Le carrosse avait été tiré, dans cette position, sur une assez longue distance, avant que les chevaux puissent être arrêtés. 

J’ai subi tellement de chocs et de contusions qu’on m’a sorti de là avec la tête et le corps terriblement meurtri ainsi qu’une jambe et un bras cassés. 

En me voyant dans un état si critique, les médecins ont conclu qu’il ne me restait plus que 3 jours à vivre, mais ils m’ont quand même fait une saignée et une épuration pour empêcher
l’infection et la fièvre. 

Mais comme je savais que mon sang était sain et pur grâce au mode de vie modéré que j’avais adopté durant des années, j’ai refusé la saignée et l’épuration. 

Je leur ai juste demandé de remette mon bras et ma jambe à leur place initiale, et d’y appliquer les pommades appropriées. 

Ainsi, comme je le souhaitais, je me suis rétabli sans autre traitement et je n’ai subi aucune forme de séquelles de
l’accident, ce qui, aux yeux des médecins, paraissait tenir du 
miracle. 

L’excès alimentaire est souvent fatal .

Nous pouvons peut-être en déduire que ceux qui mènent une vie modérée, réglée et sans excès alimentaire sont beaucoup plus à l’abri des troubles d’humeur ou de toutes sortes
d’accidents. Mais moi, suite à ma dernière expérience qui a failli me coûter la vie, je conclus que l’excès de nourriture et de boisson est vraiment fatal. 

Mes amis et mes proches trouvaient que la ration alimentaire que je prenais n’était pas suffisante pour une personne de mon âge. Alors, un jour, à force d’arguments scientifiques, ils ont réussi à me persuader d’augmenter d’une soixantaine de grammes ma quantité de nourriture même si, contrairement à eux, j’étais convaincu qu’en vieillissant, le pouvoir digestif décroît et par conséquent, la quantité de nourriture devrait être diminuée plutôt qu’augmentée. 

Je leur ai donc rappelé ces 2 proverbes : 

“Qui mange peu, mange beaucoup, durant de longues 
années.” 

Et l’autre proverbe : “Ce que nous laissons après un 
repas copieux nous fait plus de bien que ce que nous avons 
mangé.” 

Mais malgré mes arguments, ils ne cessaient de me mettre la pression sur le sujet. Pour ne pas paraître obstiné ou prétendre en savoir plus que les médecins eux-mêmes, mais surtout pour faire plaisir à ma famille, j’ai fini par céder. 

Si auparavant j’avais mangé exactement 340 grammes 
d’aliments solides par jour – pain, viande, jaune d’oeuf et potage inclus –, j’augmentais alors la quantité à 400 grammes et au lieu de boire 2 verres de vin par jour, j’augmentais ma consommation à 3. 

J’avais à peine mené ce genre de vie pendant 8 jours que j’ai commencé à perdre mon entrain et ma gaieté et à devenir irritable et déprimé. Tout me contrariait. Le 12ème jour, j’ai ressenti une douleur au côté qui persistait durant 22 heures, suivie d’une fièvre qui a duré pendant 35 jours. 

En me voyant dans cet état, tout le monde croyait que mes jours étaient en danger. Mais je me suis remis en reprenant mon premier régime. J’ai toujours été persuadé que c’était le fait d’avoir mené une vie régulière pendant des années qui m’avait sauvé des griffes de la mort. 

Le seul vrai remède 

Une vie ordonnée est certainement la base d’une bonne 
santé et d’une longue vie. Je dirais même que c’est le seul 
vrai remède et si vous réfléchissez bien, vous arriverez à la 
même conclusion. 

C’est pourquoi lorsqu’un médecin rend visite à un patient, la première chose qu’il lui recommande est de mener une vie régulière et d’éviter tout excès. Si, ensuite, après rétablissement il continue à suivre ce mode de vie, il ne tombera plus malade. 

Si une toute petite quantité de nourriture est suffisante pour rétablir sa santé, une très légère augmentation suffira à la maintenir, et ainsi à l’avenir il n’aura plus besoin de médecin ni de médicaments. 

Devenir son propre médecin 

S’il se conforme à ce qui a été dit, il deviendra son propre médecin et le meilleur qu’il soit, puisqu’en réalité, lui seul est son meilleur médecin. 

La raison est que, grâce à ses propres expériences, l’homme pourrait connaître parfaitement son corps ainsi que les types d’aliments et de boissons qui lui conviennent le mieux. 

Ces expériences sont nécessaires car il y a différents types de nature humaine et donc plusieurs sortes d’estomac. 

J’ai constaté par exemple que le vieux vin ne me convient pas. Il me faut du vin récent. Et après une longue expérience, j’ai découvert que beaucoup de choses qui ne pourraient pas être nuisibles à d’autres ne sont pas bonnes pour moi. 

Et maintenant ai-je encore besoin d’un médecin qui me 
conseillera ce que je devrais prendre ou éviter, alors que je 
pourrai le faire moi-même après une longue observation. 

On peut dire alors qu’il est impossible d’être un parfait médecin pour quelqu’un d’autre. Le meilleur guide d’un 
homme est lui-même et son meilleur médicament est la sobriété. 

Je ne voulais cependant pas dire que les problèmes de santé des personnes qui mènent une vie désordonnée ne nécessitent pas l’intervention et les soins des médecins. Au contraire, ils devraient consulter immédiatement. 

Rien que pour la prévention, je suis d’avis que notre seul
médecin est la sobriété puisqu’elle nous maintient en bonne santé, même ceux qui ont une constitution faible. Elle nous permet de garder la force et la vigueur jusqu’à l’âge de 100 ans et même plus. Elle nous empêche de mourir de maladie ou d’altération des humeurs mais uniquement de décrépitude naturelle. 

Peu de personnes connaissent ces vérités .

Hélas, peu de personnes s’en rendent compte. La plupart restent sensuelles et immodérées, aiment satisfaire leurs
appétits et s’adonnent à tout excès. 

Pour se justifier, elles disent préférer une vie courte et agréable à une longue vie faite de sacrifices. Ils ne savent pas que ceux qui maîtrisent leurs appétits sont ceux qui sont véritablement les plus heureux. 

C’est ce que j’ai découvert en tout cas et je préfère vivre avec modération afin d’avoir une vie longue et utile. 
Autrement je n’aurais jamais pu écrire ces traités qui, je crois, seront utiles aux autres. 

Les personnes immodérées affirment que personne ne peut mener une vie régulière. Mais je leur réponds que Galen, qui était un grand médecin, adoptait ce mode de vie et ne prenait plus du tout de médicaments. 

C’est ce que faisait également Platon, Cicéron, Socrate, et beaucoup d’autres grands hommes comme le Pape Paul Farnese et le Cardinal Bembo. C’est pour cette raison qu’ils 
vivaient si longtemps. 

Puisqu’ils sont nombreux ceux qui avaient mené et qui mènent encore ce mode de vie aujourd’hui, je pense que tout le monde pourrait certainement l’adopter, d’autant plus que cela ne comporte pas de grosses difficultés. 

Cicéron affirme qu’il suffit de s’y prendre avec sérieux. 

Platon, qui, pourtant, vivait sobrement, affirme qu’il n’est pas toujours évident pour les hommes de la république de vivre de cette façon car ils sont toujours confrontés à des difficultés et à des changements qui ne sont pas compatibles à ce mode de vie. 

Je dirais plutôt que ces hommes supporteraient mieux les difficultés s’ils réduisent strictement leur apport de nourriture et de boisson. 

On pourrait aussi répliquer que, si une personne qui est en
bonne santé et qui mène une vie rigoureusement modérée, qui se contente d’un simple et frugal repas adapté aux malades, tombe malade à son tour, il n’aura plus aucun recours
diététique. 

Ma réponse est que celui qui mène une vie régulière, ne tombe malade que très rarement. 

C’est quoi “mener une vie régulière” au juste ? 

Mener une vie régulière c’est : 

– Savoir déterminer la quantité minimale de nourriture et de boisson nécessaires pour satisfaire ses besoins naturels quotidiens. 
– Savoir sélectionner les types d’aliments et de boissons adaptés à sa constitution. 
– Respecter rigoureusement sa décision et observer les 
principes appropriés. Si vous les respectez de temps à autres 
et cédez ensuite à vos envies, il n’y aura aucun avantage tiré 
du régime strict. 

Il faut constamment éviter tout excès, ce que tout homme peut certainement faire à tout moment et en toute circonstance si seulement il est déterminé. 

Celui qui se conduit ainsi ne tombe que très rarement 
malade et se rétablit rapidement car une vie bien modérée 
détruit tout germe de maladie. En éliminant la cause, on 
empêche l’effet. 

Celui qui mène une vie régulière et strictement modérée ne craint pas la maladie parce que son sang est pur et libéré de toutes les mauvaises humeurs et il est impossible qu’il puisse tomber malade. 

Quelques règles à observer 

Puisqu’une vie régulière semble avantageuse et saine, elle devrait être universellement adoptée, d’autant plus qu’elle n’est pas en contradiction avec les autres devoirs de la vie et qu’elle est à portée de tous. 

Il n’est pas indispensable de manger aussi peu comme je le fais – 340 grammes – ni de s’abstenir à plein de choses auxquelles je dois renoncer à cause de la fragilité innée de mon estomac. 

Ceux qui tolèrent toutes sortes d’aliments peuvent manger de tout mais seulement en petite quantité même si leur estomac digère facilement ces aliments en question. Le même principe vaut pour la boisson. La seule règle à observer dans ce cas est la quantité plutôt que la qualité. 

Par contre, ceux qui ont une constitution faible comme moi doivent non seulement faire attention à la quantité mais aussi à la qualité. Ils ne doivent absorber que les aliments simples et faciles à digérer. 

Ne me dites pas qu’il existe de nombreuses personnes qui, bien que menant une vie très irrégulière, atteignent le grand âge en bonne santé physique et morale. Cet argument est basé sur l’incertitude et le hasard et de tels cas sont rares. 

Que ces exceptions ne persuadent personne à se tourner vers l’irrégularité et la négligence. Celui qui fait confiance à la force de sa constitution et qui dédaigne ces observations risque d’en souffrir un jour ou l’autre et de vivre sous la menace constante de la maladie et de la mort. 

Pourquoi une vie modérée permet-elle de vivre longtemps ? 

Je peux vous affirmer qu’un homme dont la constitution est fragile mais qui vit d’une manière régulière et modérée est sûr de vivre plus longtemps qu’un homme qui a une constitution solide mais qui mène une vie irrégulière et immodérée. 

Celui qui veut vivre longtemps tout en restant en bonne 
santé et qui ne veut pas mourir d’une maladie physique ou 
mentale mais d’une mort naturelle doit se soumettre à une 
vie régulière et modérée parce que ce mode de vie nettoie et 
purifie le sang. 

Celui qui adopte cette manière de vivre jouira d’une sérénité constante. Les soucis et contraintes de la vie sont remplacés par la contemplation de la beauté sublime des choses. Il discernera alors réellement la brutalité des excès dans lesquels les hommes ont succombé et qui ne leur apportent que misère. 

Il n’appréhende pas la mort car il sait que cette dernière ne le surprendra pas violemment ou dans de cruelle souffrance mais qu’elle viendra l’enlever doucement. 

Quelques personnes sensuelles irréfléchies affirment qu’une longue vie n’est pas une grande bénédiction car un homme qui a dépassé ses 75 ans ne vit plus une véritable vie. 

Mais cela est faux et je vais vraiment le prouver car 
mon souhait le plus cher est que tout le monde fasse un 
effort pour atteindre mon âge et profiter de cette période la 
plus agréable de la vie. 

Un vrai goût de la vie 

Je vais vous raconter mes loisirs et le plaisir que j’éprouve à vivre cette étape de mon existence. Nombreux sont les personnes qui peuvent témoigner de ma joie de vivre. 

En premier lieu, ils sont étonnés par mon excellente condition physique et mentale : je monte à cheval sans aide, je grimpe facilement une volée d’escaliers et je peux gravir une colline sans m’essouffler. Je suis gai et de bonne humeur, mon esprit est toujours calme ; en fait, la joie et la paix règnent dans mon coeur. 

D’ailleurs ces personnes savent comment je passe mon temps pour ne jamais m’ennuyer. Je passe des heures, avec joie et plaisir, à tenir des conversations avec des gens sensés et intelligents, et lorsque je suis seul, je me consacre à lire des livres intéressants ou à écrire. J’essaie toujours de me rendre utile aux autres. 

J’accomplis toutes ces activités dans le plus grand confort, dans une agréable maison du quartier le plus chic de la noble ville de Padoue. À côté de cette maison, j’ai mes jardins, avec des magnifiques fontaines, dans lesquels je trouve toujours de passionnantes occupations à faire. 

Aucun de mes plaisirs n’est gâché par la détérioration de mes sens parce qu’ils sont tous en parfaite condition, en particulier le goût : mon palais savoure mieux les plats simples que je mange actuellement par rapport aux délicieux repas que je prenais avant quand ma vie était encore désorganisée. 

De même, changer de lit ne me cause aucun inconfort : 
je peux dormir partout d’un sommeil calme et profond et 
mes rêves sont beaux et agréables. 

C’est aussi avec le plus grand plaisir que j’admire le succès d’une entreprise très importante pour cet état. Il s’agit de l’assainissement et de l’amélioration de nombreuses bandes de terres non cultivées ; une entreprise commencée il y a longtemps, mais dont je ne croyais jamais voir l’aboutissement. 

Cependant, elle fut menée à terme. J’avais même 
personnellement participé aux tâches pendant 2 mois entiers, dans des endroits marécageux, en pleine canicule d’été,
pourtant je n’avais jamais souffert de fatigue ou de perturbation. Et tout cela grâce à l’efficacité de la vie ordonnée et régulière que j’ai toujours mené ! 

Tels sont les quelques plaisirs et divertissements de ma vieillesse, une vieillesse tellement épanouie et comblée que 
la vieillesse ou même la jeunesse d’autres personnes. 

Autres effets positifs d’une vie sobre 

Je suis sain d’esprit et de corps. Je n’éprouve plus les sentiments contradictoires qui tourmentent tant de personnes, jeunes ou vieux, à cause de leurs vies insouciantes et leurs habitudes immodérées qui détruisent leur santé et leur force, et par conséquent leur bonheur. 

À 83 ans, j’ai encore été capable d’écrire une comédie pleine de gaieté et d’innocente malice. 

Un autre bonheur de ma vie est de pouvoir profiter de mes petits-enfants. À chaque fois que je rentre chez moi, j’y trouve mes 11 petits enfants. Ils sont tous nés d’un seul père et d’une seule mère et sont tous en bonne santé. 

Je joue avec les plus petits, je suis ami avec les plus grands ; et, comme la nature leur a donné de belles voix, je me réjouis en les écoutant chanter et jouer à de divers instruments de musique. 

Et moi aussi je chante car j’ai une meilleure voix maintenant, plus claire et plus puissante que jamais. Tels sont les plaisirs de ma vieillesse. 

La vie que je mène n’est pas sombre mais joyeuse et je n’échangerai jamais ma façon de vivre et mes cheveux gris contre celle d’un jeune homme ayant une meilleure 
constitution mais qui n’arrive pas à contrôler ses appétits, 
car je sais que cela entraîne quotidiennement des maux, et 
ensuite, le décès. 

Les 2 grands maux qui attendent ceux qui vivent 
immodérément 

Je me souviens de ma propre conduite dans ma jeunesse et je sais à quel point les jeunes sont imprudents. 
Ils ont tendance à surestimer leur force dans tout ce qu’ils 
font et en raison de leur manque d’expérience, ils ont des 
attentes trop optimistes. 

Par conséquent, ils s’exposent souvent à toute sorte de dangers et, sans réfléchir, tombent dans l’engrenage des plaisirs
sensuels. Ils font tout pour satisfaire leurs appétits et sans vraiment le savoir, ils accélèrent ainsi la venue de ce qu’ils voudraient éviter le plus : la maladie et la mort. 

Ce sont les 2 grands maux qui attendent tous ceux qui mènent une vie dissolue ; l’un est pénible et douloureux, l’autre terrifiant et insupportable, surtout quand on pense aux erreurs commises durant cette vie mortelle. 

Moi, je suis libéré de ces tourments. D’abord, parce que je ne peux pas tomber malade car j’ai éliminé toute cause de maladie par une vie régulière et modérée ; ensuite, je ne crains pas la mort, parce que toutes ces années d’expériences m’ont appris à obéir à la raison. 

Ainsi, je considère qu’il est non seulement insensé de craindre ce qui ne peut être évité, mais j’ai la ferme conviction que je serai serein lorsque mon heure arrivera. 

La mort naturelle ne frappe qu’après de longues années. Et moi je ne m’attends pas du tout aux douleurs et à l’agonie que souffrent la plupart des gens quand ils meurent. 

Je crois qu’il me reste encore beaucoup d’années à vivre, tout en restant en bonne santé et en bon état d’esprit afin de pouvoir jouir de ce monde merveilleux et beau. Cette beauté ne peut être appréciée que par ceux qui bénéficient d’une bonne santé physique et morale. 

La fortune et l’abondance ne valent rien sans une 
bonne santé 

Si ce mode de vie sobre et modéré apporte tellement de 
bonheur, si les bienfaits qui en découlent sont aussi stables 
et durables, je sollicite tout homme de bon sens de saisir ce 
trésor inestimable, celui d’une vie longue et saine, dont la 
valeur dépasse de loin tous les autres trésors du monde et 
qui devrait, en conséquence, être recherché et poursuivi par 
tous. Que valent la fortune et l’abondance si vous avez un 
corps faible et maladif ? 

La sobriété est l’amie de la nature, la fille de la raison, 
la soeur de toutes les vertus, la compagne de la vie tempérée, modeste, discrète, satisfaite de peu, constante et la 
maîtresse parfaite de tous les agissements. D’elle jaillissent 
la vie, la santé, la gaieté, l’assiduité, l’étude et toutes les actions et occupations dignes des esprits nobles et généreux. 

La gourmandise, l’excès, le manque de modération, les humeurs inutiles, les maladies, les fièvres, les douleurs et les 
dangers disparaissent en sa présence comme les brumes au 
soleil. 

Son charme ravit tout esprit bien disposé. Son influence est vraiment sûre, elle promet à tous une longue et agréable vie. Et pour finir, elle est la douce et aimable gardienne de vie afin d’éviter la mort prématurée. 

Une stricte modération dans la consommation de nourriture et de boisson améliore les sens, la compréhension, la mémoire, revigore et fortifie le corps, rend les mouvements réguliers et faciles ; et l’âme libérée du lourd fardeau terrestre jouit pleinement de sa liberté naturelle. 

L’homme éprouve ainsi une bonne et agréable harmonie, son système ne peut être perturbé car son sang est pur et coule librement dans ses veines et la température de son corps est douce et tempérée. 

Second discours : La méthode la plus sûre pour remédier à une constitution maladive .


Que faire pour éviter la souffrance vers 50 ou 60 ans ? 

Mon traité sur la vie sobre a déjà commencé à porter ses fruits, dont celui d’être utile à beaucoup de personnes nées avec une constitution faible ou affaiblies par une vie déréglée. 

Je serais également heureux de pouvoir être utile à ceux qui sont nés avec une constitution solide mais qui, à cause d’une vie désordonnée, souffrent à l’âge de 50 ou de 60 ans, de diverses douleurs et maux, tels que la goutte, la sciatique, les troubles de foie et d’estomac. 

S’ils avaient mené une vie tempérée, ils n’auraient eu aucun problème de santé et auraient vécu confortablement, sans douleur. 

Comment guérir de la disposition maladive à la 
colère et vivre le plus longtemps possible ? 

Ils seraient moins irritables et capables de maîtriser 
leur humeur. 

J’étais moi-même fort bilieux et beaucoup de gens évitaient de me fréquenter. Mais maintenant, j’ai changé. Je me suis aperçu qu’une personne qui se laisse emporter par la colère est peu ou pas meilleur du tout qu’un fou. 

De même, une personne de constitution faible peut, grâce à la raison et à une vie sobre, atteindre le grand âge tout en restant en bonne santé. 

Je suis né avec une constitution faible et il me semblait 
impossible de vivre au-delà de 40 ans. Mais voilà, je suis sain et vigoureux à l’âge de 86 ans : 46 ans de plus que mes prévisions ! Et pendant ce long sursis, tous mes sens sont toujours en parfaite condition ainsi que mes dents, ma voix, ma mémoire et mon coeur. 

Que faire pour que le cerveau fonctionne encore mieux qu’auparavant en vieillissant ? 

Mais plus encore, mon cerveau fonctionne mieux et aucune de mes facultés ne diminue avec les années. Cela est dû au fait qu’en vieillissant, je réduis progressivement ma quantité de nourriture solide. 

Cette réduction est nécessaire car l’homme ne peut pas 
vivre éternellement, et lorsqu’il se rapproche de la fin, il 
pourra se satisfaire de très peu de nourriture. 

Dans cette phase de la vie, un jaune d’oeuf et quelques 
cuillerées de lait avec du pain suffisent largement pour tenir 
24 heures. Une quantité plus grande causerait très
probablement de la douleur et raccourcirait la vie. 

Pour ma part, j’espère mourir sans douleur ou maladie 
et cela est une grande chance accessible à tous ceux qui 
mènent une vie sobre, qu’ils soient riches ou pauvres. 

Et puisqu’une vie saine et longue devrait être grandement convoitée par tous, alors je conclus que chacun de nous a le devoir de faire des efforts dans ce but. Néanmoins, une telle chance ne peut être obtenue sans une modération stricte. 

La manière la plus sûre de jouir d’une longue vie 
en bonne santé 

Certains prétextent que de nombreuses personnes ont 
vécu jusqu’à 100 ans et en bonne santé bien qu’elles aient 
mangé beaucoup et abusé de toutes sortes de viande et de vin. Et ils prétendent qu’ils auront également la même 
chance. 

Mais ces personnes se trompent sur 2 points : 

– d’abord, c’est à peine un individu sur 50.000 qui 
bénéficie de cette chance ; 
– ensuite, celui-ci aura certainement à souffrir d’une maladie qui l’emportera, il n’aura pas le choix de finir sa vie 
autrement. 
Ainsi, la manière la plus fiable de jouir d’une longue vie en bonne santé est d’adopter la sobriété et de suivre un régime strict quant à la quantité. 

Cela n’est pas très difficile. L’histoire nous apprend que nombreux sont ceux qui vivaient dans la plus grande 
modération. L’époque actuelle nous fournit beaucoup d’autres exemples. Nous sommes tous des êtres humains dotés de raison et par conséquent, nous devrions être maîtres de toutes nos actions. 

Être sobre dans la qualité et la quantité 

La sobriété se réduit à 2 choses : la qualité et la quantité. 

La première consiste à éviter la nourriture ou les boissons qui ne conviennent pas à l’estomac. La seconde consiste à éviter d’en absorber plus que l’estomac ne peut facilement digérer. 

Tout homme de 40 ans devrait être le meilleur juge dans cette matière. 

Celui qui respecte ces 2 règles mène une vie régulière et sobre. Les humeurs présentes dans son sang deviennent harmonieuses et parfaites. Il ne risque plus d’être dérangé par divers troubles : chaleur ou froid excessifs, grosse fatigue, etc. Il peut subir tout cela sans grande difficulté. Il peut souffrir de légères indispositions durant 1 ou 2 jours, mais il n’aura pas à craindre le pire. 

De ce fait, puisque les humeurs de celui qui mène une vie sobre ne peuvent probablement pas engendrer des maladies aiguës (causes d’une mort prématurée), chacun de nous devrait doncs’y conformer, parce qu’en menant une vie désordonnée, nous nous exposons constamment à la maladie et à la mort. 

Certaines personnes prétendent que la modération 
abrège leur vie 

Il y a quelques personnes qui, bien que d’un âge avancé, mènent une vie très insouciante et prétextent que la quantité et la qualité de leur régime n’ont aucune importance. Donc, elles mangent et boivent sans modération tout ce qu’ils veulent. 

Je pense que ces gens-là ignorent les exigences de leur 
organisme ou alors ils sont gloutons. Ils ne jouissent 
certainement pas d’une bonne santé et ils sont en général 
affaiblis, irritables et souffrent de plein de maux. 

D’autres disent qu’ils ont besoin de manger et de boire à volonté pour maintenir leur température corporelle naturelle qui diminue constamment au fur et à mesure qu’ils avancent en âge. Ils pensent qu’ils doivent manger sans restriction tout ce qui plaît à leur palais et que dans leur cas, la modération ne ferait qu’abréger leur vie. 

C’est la raison ou l’excuse invoquée par des milliers de personnes. Mais je réponds à toutes ces personnes qu’elles se trompent. Ma conviction est fondée sur l’expérience et 
l’observation. 

Il ne faut pas craindre d’abréger ses jours en 
mangeant peu 

Le fait est que les vieux estomacs ne peuvent pas digérer de grandes quantités de nourriture. Comme l’homme s’affaiblit en vieillissant et que le processus d’élimination des déchets dans son organisme ralentit, sa température corporelle baisse tout naturellement. 

Aucune quantité de nourriture au monde ne pourra 
l’augmenter mais ne fera que provoquer des troubles et de la 
fièvre. Par conséquent, que personne n’ait craint d’abréger 
ses jours en mangeant trop peu. 

Je suis fort, vigoureux, de bonne humeur, je n’ai mal nulle part et pourtant je suis très âgé et je ne vis que de très peu. Je suis certain donc que ce qui convient à un homme est bon pour les autres aussi. 

Quand les gens tombent malades, ils cessent ou presque de s’alimenter. Alors si c’est en s’astreignant à de petites quantités qu’ils échappent aux griffes de la mort, comment peuvent-ils douter du fait que juste une légère augmentation raisonnable de quantité de nourriture leur suffira à maintenir la santé une fois qu’ils l’auront retrouvée. 

Tenter l’expérience honnêtement, pendant quelques 
semaines, apportera dans tous les cas un résultat bénéfique. 

Vie courte ou vie longue ? 

D’autres disent qu’il vaut mieux souffrir 3 ou 4 fois par an de la goutte, de la sciatique ou de tout autre trouble que de
combattre toute l’année son appétit, et aussi qu’il n’y a pas de mal à manger et boire à volonté puisqu’on peut toujours, avec quelques jours de diète, se remettre de toutes ces crises. 

À cela je réponds qu’aucune abstinence temporaire ne peut suffire à vaincre la maladie causée généralement par la gourmandise, puisque notre température naturelle diminue 
progressivement à mesure que nous vieillissons. Ainsi, 
l’homme mourra forcément de l’une ou de l’autre de ces 
affections périodiques car elles abrègent la vie dans la même 
proportion que la modération et la santé la prolongent. 

D’autres prétendent qu’une vie courte et complaisante 
est préférable à une vie longue et faite de renoncements. 

Tout homme intelligent attache une grande valeur à la 
longévité. Ceux qui dévalorisent cette grande chance 
déshonorent l’humanité et leur mort rend plutôt service à la 
société. 

Manger peu mais souvent 

Il y a aussi des gens qui sont conscients qu’ils deviennent de plus en plus faibles à mesure que les années passent mais ils augmentent la quantité de leur nourriture au lieu de la diminuer. Et comme ils se rendent compte que leur estomac est incapable de digérer la grande quantité de nourriture prise 2 à 3 fois par jour, ils décident de ne prendre qu’un repas copieux toutes les 24 heures. 

Cela n’arrange rien car l’estomac est toujours surchargé. Les aliments non digérés se transforment alors en mauvaises humeurs qui empoisonnent le sang et ainsi la personne concernée se tue elle-même bien avant son heure. 

Je n’ai jamais rencontré une personne âgée en bonne 
santé en vivant de cette manière. 

Tous ces gens dont je viens d’évoquer le mode de vie 
pourraient vivre longtemps et heureux si, en vieillissant, ils 
diminuaient la quantité de leur nourriture et mangeaient 
souvent mais peu, parce que les vieux estomacs ne peuvent 
pas digérer de grandes quantités. Les personnes âgées 
redeviennent comme les enfants qui mangent peu mais 
souvent dans la journée.

Je ne m’étais jamais vraiment aperçu avant de vieillir que le monde était si merveilleux, car dans ma jeunesse je me suis livré à la débauche à cause de ma vie déréglée et je ne pouvais ni percevoir, ni apprécier sa beauté, comme je le fais maintenant. 

La vie sobre permet de garder un bon appétit 

Je peux dire que la vie a vraiment amélioré et perfectionné mon corps et maintenant je prends plus de plaisir à manger du simple pain qu’autrefois avec les mets délicats les plus exquis ! 

Je le déguste avec tant de plaisir, grâce au bon appétit que j’ai toujours gardé. 

Le pain est en fait absolument nécessaire, il est avant tout la meilleure de toutes les nourritures pour l’homme. 

Tant que nous menons une vie sobre, nous pouvons être sûrs de ne jamais manquer de cette sauce naturelle qu’est le bon appétit. 

Je constate que si, avant, j’avais l’habitude de manger 2 fois par jour, maintenant que je suis beaucoup plus âgé, il me convient plus de manger 4 fois par jour et de diminuer 
progressivement la quantité des repas à mesure que les années passent. J’ai appris cela par expérience. 

La vie sobre permet de préserver la vivacité 
d’esprit 

Par conséquent, mon esprit qui n’est jamais alourdi par 
un excès de nourriture est toujours vif, particulièrement 
après manger. J’aime beaucoup chanter un peu après le 
déjeuner avant de m’atteler à l’écriture. 

Je n’ai aucun mal à écrire tout de suite après le repas, 
j’ai toujours l’esprit clair et je ne suis jamais somnolent, car la quantité de nourriture que je prends est trop petite pour 
faire monter les fumées au cerveau. 

Les aliments nécessaires 

Je me rends compte qu’il est bon pour une personne 
âgée de manger si peu. 

Donc, je prends juste ce qu’il faut pour maintenir mon 
corps et mon âme ensemble. Je mange en générale du pain, 
de la panade, des jaunes d’oeuf et des potages. Pour la 
viande, je mange du chevreau et du mouton. Je consomme 
toutes sortes de volaille et aussi des poissons de mer et 
d’eau douce. 

Certaines personnes sont trop pauvres pour se permettre ce genre de nourriture, mais elles peuvent très bien vivre avec du pain (fabriqué à partir de farine de blé qui contient beaucoup plus d’éléments nutritifs que le pain fait de farine fine), de la panade, des oeufs, du lait et des légumes. 

L’excès de quantité est plus nuisible que la nourriture inappropriée 

Toutefois, bien que nous ne devrions consommer que ces aliments-là, nous ne pouvons prendre que la quantité digeste pour notre estomac. Il ne faut jamais oublier que l’excès de quantité est encore plus nuisible que la nourriture inappropriée. 

Et je répète à nouveau que celui qui respecte la règle de 
quantité et de qualité ne partira que par dissolution naturelle, 
excepté dans les cas de maladie héréditaire ; mais c’est 
relativement rare et même dans ces cas, un régime strict et 
sobre sera de la plus grande utilité. 

Suivez mon exemple et adoptez mon mode de vie ! 

La différence entre une vie régulière et modérée et une 
vie irrégulière et immodérée est grande ! L’une donne la 
santé et la longévité, l’autre la maladie et la mort précoce. 

Combien d’amis et proches ai-je perdu à cause de leur 
vie déréglée, alors que s’ils m’avaient écouté, ils auraient 
encore pu vivre en pleine santé. 

De ce fait, je suis plus que jamais déterminé à déployer les plus grands efforts pour faire connaître les bienfaits de mon mode de vie. 

Me voici, un vieillard, plein de vie et de joie, plus heureux qu’à n’importe quelle période passée de ma vie, entouré de grands conforts ; et le plus important c’est la joie que me procurent mes 11 petits enfants, tous intelligents et aimables, studieux, ayant de belles personnalités et à qui j’espère pouvoir transmettre mon exemple et mon mode de vie. 

À partir de 40 ans, l’homme devrait être gouverné par la raison en toute chose 

C’est pour cela que souvent, j’ai beaucoup de mal à 
comprendre pourquoi des hommes intelligents, ayant atteint 
l’âge mûr, n’adoptent-ils pas une vie régulière une fois pour 
toutes, lorsqu’ils sont frappés par divers troubles et maladies. Est-ce parce qu’ils en ignorent l’importance ? Ou alors c’est parce qu’ils sont devenus tellement esclaves de leurs appétits qu’ils se trouvent incapables d’adopter un régime strict et régulier ? 

Quant aux jeunes, je ne suis pas du tout surpris de leur 
refus de vivre sobrement car ils sont habituellement guidés 
par la force de leurs passions. Il leur manque de l’expérience. 

Mais, quand un homme arrive à l’âge de 40 ou 50 ans, il devrait être dirigé par la raison qui lui apprend que satisfaire l’appétit et le palais n’est pas, comme beaucoup l’affirment, naturel et juste, mais porteur de maladie et de mort prématurée. 

Si, au moins, ce plaisir du palais était durable, ce serait une bonne excuse ! Mais il est éphémère comparé à la durée de la maladie causée par son abus. 

Par contre, il est très réconfortant pour celui qui mène une vie sobre de savoir que ce qu’il mange le maintiendra en bonne santé et n’engendrera aucune maladie ou infirmité. 

Troisième discours : La méthode pour jouir du bonheur complet dans le grand âge. 


L’homme peut jouir du paradis terrestre même après ses 80 ans 

Pour commencer, je dois vous dire qu’ayant atteint l’âge de 91 ans, je suis plus sain et vigoureux que jamais, à la plus grande stupéfaction de tous ceux qui me connaissent. 

Et puisque je connais la raison à cela, il est de mon devoir de montrer que l’homme peut jouir du paradis terrestre après ses 80 ans ; mais que ceci ne peut être obtenu que par une modération alimentaire rigoureuse. 

Je dois vous dire aussi que ces derniers jours, j’ai reçu la visite de plusieurs savants docteurs de l’université, des médecins et des philosophes, qui étaient bien au courant de mon âge, de mon mode de vie, de mes occupations et aussi du fait que je suis robuste, bien portant, énergique et que mes sens, ma voix, mes dents, ma mémoire et mon jugement sont en parfait état. 

Ils savaient que je travaille 8 heures par jour pour écrire de ma propre main des traités sur des sujets utiles à l’humanité, et que je passe aussi beaucoup plus de temps à marcher et à chanter. 

En fait, ces médecins et philosophes m’ont dit que cela tenait presque du miracle qu’à mon âge je sois encore capable d’écrire sur des sujets qui exigent en même temps du jugement et de l’esprit. 

Ils ont ajouté que je ne devrais pas être considéré comme une personne âgée puisque toutes mes activités sont celles d’un jeune homme et que j’étais complètement différent des personnes âgées de 70 ou 80 ans qui ont une vie gâchée à cause des maux divers et des maladies. 

Si par un heureux hasard, ces personnes ont échappé à 
ces problèmes, souvent, leurs sens se sont affaiblis, la vue, 
l’ouïe ou alors la mémoire est défectueuse et toutes leurs 
facultés sont considérablement détériorées. Ils ne sont ni 
forts ni gais comme je le suis. 

Ils ont ajouté qu’ils me considéraient comme quelqu’un qui bénéficie d’une grâce spéciale. 

Ils m’ont dit beaucoup d’autres choses éloquentes et 
excellentes. 

Je leur ai expliqué que toute l’humanité pourrait aussi 
jouir de ce même bonheur et que je ne suis qu’un simple 
mortel comme tous les autres, à part que je suis né plus 
fragile et que je n’ai pas ce qu’on appelle une forte 
constitution. 

À partir de la quarantaine, il devient nécessaire de changer son mode de vie 

Dans sa jeunesse, l’homme a plutôt tendance à obéir à 
ses sens qu’à sa raison. Mais quand il arrive à la quarantaine, ou même avant, il devrait se rappeler qu’il vient d’atteindre le sommet de la colline et doit maintenant amorcer la descente en portant le poids de ses années avec lui. 

Il devrait prendre conscience que la vieillesse est l’inverse de la jeunesse, comme l’ordre est le contraire du désordre. 

Par conséquent, il devrait absolument changer son mode de vie en ce qui concerne la qualité et la quantité de nourriture et de boisson, car il est impossible que celui qui cède sans restriction à son appétit demeure en bonne santé et à l’abri des maladies. 

C’est justement pour éviter ce vice ainsi que ses mauvais effets que j’ai décidé d’adopter une vie régulière et sobre. 

J’ai agi comme un homme sur le point d’entreprendre 
une chose importante qu’il sait pouvoir accomplir malgré 
les difficultés. Il sait qu’il peut considérablement faciliter sa 
tâche en restant concentré sur son but. 

J’ai abandonné petit à petit la vie désordonnée pour me 
conformer aux règles rigoureuses de la tempérance. Peu de 
temps après, j’ai trouvé qu’une vie sobre et modérée ne 
m’était plus désagréable même si, en raison de ma fragilité 
naturelle, j’ai été obligé de suivre un régime alimentaire très 
strict. 

D’autres, qui ont la chance d’avoir une constitution robuste, pourraient varier les aliments et manger un peu plus. 

Chaque homme est son propre guide en la matière, il doit toujours consulter son jugement et sa raison plutôt que son envie ou son appétit et respecter toujours fermement les règles qu’il s’est fixé car il n’aura que peu d’avantage s’il rechute de temps en temps dans l’excès. 

Vivre dans la sobriété est une tâche difficile mais 
glorieuse et réalisable 

Après avoir écouté ces arguments et en examinant les 
raisons sur lesquelles ils ont été fondés, les médecins et les 
philosophes ont reconnu que tout ce que je disais était 
entièrement vrai. 

Un des plus jeunes d’entre eux m’a dit que je semblais 
bénéficier d’une grâce spéciale car j’avais réussi à abandonner avec facilité un mode de vie pour en adopter un autre, une démarche théoriquement faisable mais difficile à mettre en pratique. La preuve : ça a été dur pour lui mais facile pour moi. 

Je lui ai répondu qu’étant un être humain comme lui, j’ai moi-même trouvé la tâche difficile, mais je me suis dit qu’un homme ne devrait pas reculer devant une tâche glorieuse et réalisable à cause des difficultés qu’elle présente. 

Plus les obstacles à surmonter sont immenses, plus l’honneur et les bénéfices sont grands. 

Passé 70 ans, l’homme peut se libérer de ses penchants sensuels et se conformer entièrement aux préceptes de la raison. Le vice et l’immoralité le quittent alors et il devrait vivre entièrement dans la maturité de son âge. 

Tous ceux qui atteignent leur limite naturelle devraient finir leurs jours sans maladie et mourir uniquement de dissolution naturelle. Les roues de la vie s’arrêtant doucement de tourner et l’homme quittant paisiblement ce monde comme il en sera pour moi, car je suis sûr de mourir de cette manière. 

Ainsi les pensées de la mort ne me tracassent pas le moins du monde ; ni toute autre pensée qui en découle. Que ma vie est belle ! Quelle fin heureuse j’aurai ! 

Le jeune docteur n’eût rien à répondre à cela sauf qu’il suivrait mon exemple. 

Ma manière de vivre est accessible à n’importe quel homme 

Certains sensualistes disent que j’ai perdu mon temps 
d’avoir écrit un traité sur la modération et d’autres discours 
sur le même sujet, en prétextant qu’il est impossible de s’y 
conformer. 

Pour eux, mon traité doit répondre aussi peu à son but 
que celui de Platon sur le Gouvernement, parce qu’il s’est 
donné beaucoup de mal à recommander quelque chose 
d’impraticable. 

Cela m’étonne beaucoup étant donné qu’ils peuvent 
voir que j’ai adopté une vie sobre durant de nombreuses 
années avant d’écrire ce traité. Je ne l’aurais jamais rédigé si 
je n’étais pas convaincu que cette manière de vivre était 
accessible à n’importe quel homme. 

De plus, le but est d’avoir une vie vertueuse, cela devrait donc leur rendre un grand service. 

Heureusement, j’ai la satisfaction d’entendre que nombreux sont ceux qui ont décidé d’adopter mon mode de vie après avoir lu mon traité. 

Ainsi, l’objection au sujet du traité de Platon sur le 
gouvernement n’a aucun rapport avec le mien. Mais le 
sensualiste est l’ennemi de la raison et l’esclave de ses passions. 

Quatrième discours : Une exhortation à une vie 
sobre et régulière pour atteindre un grand âge 


Pour ne pas manquer à mon devoir et pour ne pas perdre ma satisfaction d’être utile aux autres, je reprends ma plume pour informer ceux qui n’ont pas l’occasion de s’entretenir avec moi et donc ne sont pas au courant de mon mode de vie. 

Et comme certaines choses paraissent à peine croyables, bien qu’elles soient strictement vraies, je ne manquerai pas de les relater au profit du public. 

La mort ne me fait pas peur 

J’ai maintenant 95 ans je suis toujours en bonne santé 
et vigoureux, content et joyeux. Cela est incroyable pour 
certains car c’est rare d’atteindre l’âge de 70 ans sans perdre 
la santé et la tête. Et souvent, à cet âge-là, les gens 
deviennent de plus en plus mélancoliques et maussades. 

De plus, non seulement je suis né avec une constitution 
fragile mais en plus j’étais tombé gravement malade entre 
mes 30 et 40 ans. 

Quand je pense à tout cela, j’ai sûrement de grandes 
raisons d’exprimer souvent ma gratitude, et bien que je 
sache qu’il ne me reste plus beaucoup d’années à vivre, la 
pensée de la mort ne me tourmente pas du tout. D’ailleurs, 
je crois fermement que j’atteindrai l’âge de 100 ans. 

Mais, pour rendre cette dissertation plus méthodique, je 
commencerai par considérer l’homme à sa naissance, puis je 
l’accompagnerai à travers chaque étape de sa vie, jusqu’à sa 
tombe. 

Les hommes naissent avec divers degrés de force vitale 

Je dis donc que certains viennent au monde avec si peu de force vitale qu’ils ne vivent que quelques jours, mois ou années, et il n’est pas toujours facile de déterminer à quoi est due la brièveté de la vie. 

D’autres naissent sains et vifs, mais avec une constitution faible, et parmi eux, certains vivent jusqu’à 10, 20 ans, d’autres jusqu’à 30 ou 40 ans, et rare sont ceux qui atteignent le grand âge. 

D’autres encore viennent au monde avec une constitution parfaite et vivent jusqu’à un âge bien avancé. 
Mais comme je l’avais déjà dit, il s’agit en général d’une 
vieillesse marquée par la maladie et la douleur, et dans la 
plupart des cas, ils sont eux-mêmes responsables, parce 
qu’ils ont présumé de la qualité de leur constitution. 

Une fois qu’ils ont vieilli, il n’y a aucun moyen de faire 
changer leurs habitudes de jeunesse. Ils continuent à vivre 
de manière irrégulière alors qu’ils ont déjà dépassé la moitié 
de leur vie. 

Se contenter de peu lorsqu’on arrive à un âge avancé 

Ils ne prennent pas en considération que leur estomac a 
perdu beaucoup de sa capacité naturelle et de sa vigueur, et 
que par conséquent, ils devraient prêter la plus grande 
attention à la qualité et quantité de ce qu’ils mangent et 
boivent. 

Mais plutôt que de diminuer, beaucoup d’entre eux 
préfèrent augmenter la quantité en pensant que, comme la 
santé et la vigueur s’affaiblissent, ils devraient essayer de 
compenser cette perte par une grande abondance de 
nourriture pour préserver leur vie. 

Mais ils commettent une grosse erreur. La force naturelle et la température de l’homme diminuent à mesure qu’il vieillit, il doit alors diminuer la quantité de nourriture et de boisson car son corps peut naturellement se contenter de peu à cette période-là. 

De plus, s’il était bon de manger plus, alors, la majorité 
des hommes vivraient sûrement très longtemps et en parfaite 
santé. Mais est-ce la réalité ? Au contraire, ce n’est qu’une 
rare exception ; alors que ma façon de vivre est, au vu de ses 
résultats, juste et appropriée. 

Mais quoique certains aient toutes les raisons d’y croire, ils continuent à poursuivre leur mode de vie habituel à cause de leur manque de force de caractère et de leur gourmandise. 

Or, s’ils décidaient de mener une vie strictement modérée au bon moment, ils ne développeraient pas des maladies durant leurs vieux jours et prolongeraient leur vie jusqu’à l’âge de 100, voire 120 ans, tout en restant robuste et en bonne santé. 

La condition pour avoir la certitude de vivre longtemps 

Cela a été le cas d’autres hommes dont nous avons lu 
les biographies, des hommes nés avec une constitution 
solide et qui avaient mené une vie sobre et modérée. 

Je pense que si j’avais joui d’une telle constitution, je n’aurais jamais douté d’atteindre cet âge. Mais comme je suis né faible et avec une constitution fragile, je crains que je ne dépasserai pas 100 ans. 

Si d’autres, aussi faibles de naissance que moi, adoptaient mon mode de vie, ils pourraient vivre jusqu’à l’âge de 100 ans, comme il en sera pour moi. 

Cette certitude de pouvoir vivre jusqu’à un âge très avancé est à mon avis un grand avantage qui doit être fortement apprécié (bien sûr, je n’inclus pas les accidents auxquels tout le monde est exposé), mais personne ne peut être sûr d’avoir cette
chance, excepté celui qui respectent les règles de la modération. 

Cette sécurité de vie est basée sur des raisons solides et 
naturelles qui ne peuvent jamais échouer. 

Pour éliminer les causes de maladie 

Il est en fait impossible que celui qui mène une vie 
parfaitement sobre et tempérée tombe malade ou meure 
avant l’heure. Il ne peut mourir tôt à cause d’une mauvaise 
santé car la sobriété a le pouvoir d’éliminer la cause de maladie et donc la maladie également. Cela empêche la mort prématurée et douloureuse. 

Il n’y a aucun doute que manger et boire avec modération – c’est-à-dire prendre seulement autant que la nature exige vraiment et suivre ainsi la raison et non l’appétit – a la capacité d’éliminer toute cause de maladie. 

Puisque la santé et la maladie, la vie et la mort, dépendent de la bonne ou mauvaise condition du sang et de la qualité de ses humeurs, le mode de vie dont je parle purifie le sang, remplace toutes les humeurs nocives, harmonise et perfectionne le tout. 

Mourir doucement, paisiblement et sans douleur 

Il est vrai, et cela ne peut être nié, que l’homme doit mourir finalement, même s’il a toujours été prudent, mais j’affirme que l’avantage de celui qui mène une vie sobre est de partir sans maladie ni douleur. 

Pour ma part, je compte partir doucement et paisiblement et ma condition actuelle me le garantit, car malgré mon grand âge, je suis bien portant et joyeux, j’ai un bon appétit et je dors bien. 

De plus, tous mes sens sont en parfait état, mon intelligence est claire et vive, mon jugement sain, ma mémoire fiable, mon moral bon, et ma voix (une des premières choses susceptible de nous lâcher) est devenue si forte et sonore que je ne peux m’empêcher de chanter matin et soir, à haute voix au lieu de murmurer comme je faisais autrefois. 

Une vieillesse remplie de bonheur 

Ma vie est belle et remplie de toutes les félicités que l’homme aime ! Elle est entièrement exempte de la violence sensuelle, bannie par ma raison. Je ne suis pas troublé par les passions et mon esprit est calme et libre de toutes perturbations et appréhensions douteuses. 

De même, il n’y a pas de place pour la pensée de mort dans mon esprit, du moins pas de façon perturbante. Et tout cela est le fruit de mon mode de vie tempéré. 

Quelle différence avec la vie de la plupart des personnes âgées, remplie de maux, de douleurs et d’appréhensions. La mienne est pleine de vrais plaisirs et j’ai l’impression de passer mes jours dans une ronde perpétuelle de distractions. 

Ce qui me procure autant de plaisir et de satisfaction 

D’abord, je suis utile à mon pays et c’est une immense 
joie pour moi. Je trouve un plaisir infini à être engagé dans 
divers travaux d’amélioration de l’estuaire, du port de cette 
ville et de ses fortifications. Et bien que Venise, cette reine 
de la mer, soit déjà très belle, j’ai quand même imaginé des 
moyens pour la rendre encore plus belle et plus prospère. 

Ensuite, j’ai une autre grande joie, toujours présente. Il 
y a un certain temps, j’avais perdu une grande partie de mes 
revenus et cette perte aurait pu avoir des conséquences désastreuses sur mes petits enfants. Mais par la seule force 
de réflexion, j’ai trouvé une méthode juste et infaillible pour 
compenser cette perte au double. J’ai utilisé judicieusement 
l’un des arts les plus honorables : l’agriculture. 

Un de mes autres grands plaisirs est de penser que mon traité sur la modération est vraiment utile. Beaucoup m’assurent de vive voix ou par courrier que c’est à moi qu’ils doivent la vie. 

Cela me procure une grande joie d’être capable d’écrire et d’être utile ainsi aux autres et à moi-même. 

J’éprouve également une grande satisfaction en conversant avec des hommes intelligents car j’apprends toujours quelque chose de nouveau. 

Quel plaisir j’ai de pouvoir ainsi, à mon âge, sans ressentir de fatigue physique ou mentale, m’investir entièrement et étudier les sujets les plus importants, difficiles et sublimes. 

Tout le monde a le pouvoir de suivre les règles de 
la modération 

Maintenant, est-il possible à quelqu’un de se lasser du 
grand confort et de l’avantage dont je jouis actuellement, et 
dont la majorité des personnes pourraient aussi atteindre en 
menant une vie régulière, un mode de vie qui peut être suivi 
par tous ? Car je ne suis pas un saint, mais simplement un 
homme comme les autres. 

L’homme provoque sa maladie et son malaise soit par 
ignorance soit par une complaisance délibérée et obstinée. 

On doit apprendre aux hommes que l’abnégation et la 
modération rigoureuses sont le chemin à la santé physique et 
morale et ceux qui vivent de la sorte voient plus clairement 
que les autres. 

Pour terminer ce discours, je dirais que puisqu’une longue vie est pleine de tant de faveurs et bienfaits, et que moi-même je peux en témoigner non pas théoriquement mais par mon expérience, j’assure solennellement à toute l’humanité que j’apprécie vraiment la vie beaucoup plus que je ne puisse le dire, et que je n’ai aucune autre raison d’écrire que celle de démontrer les grands avantages qui résultent de la longévité et de la vie telle que j’ai menée. 

J’aimerais vous convaincre que vous avez tous le pouvoir de respecter constamment ces excellentes règles de modération en terme de nourriture et de boisson, et par conséquent, je ne cesserai jamais de vous répéter, chers amis, que votre vie pourrait être comme la mienne. 

Luigi Cornaro (1464-1566) 




FIN






Gérard Wenker - AVRIL 2019 à 86 ans....